Un Sauvetage Ebook

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  • fr
  • livre numérique
  • 1230004370888
  • 26 novembre 2020
  • EPUB2
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Résumé

Germaine se dressa d’un brusque sursaut : sa fuite manquée, l’absence de José à l’heure du départ, et, depuis, le manque de nouvelles de sa part et d’excuses d’avoir failli au rendez-vous, tout cela, et aussi la nuit de réflexions qui avait suivi, avait ouvert les yeux de la jeune fille et éclairé son cœur.

Ce cœur qu’elle croyait rempli d’amour pour le jeune homme s’était subitement dégonflé à tous ces incidents ; ils paraissaient peu de chose, mais il faut parfois peu de chose, une piqûre d’épingle pour mettre un ballon à plat.

Donc, l’amour de Germaine pour José n’était à peu près plus qu’un souvenir dont elle ne ressentait plus qu’une douleur assourdie, très vague… mais surtout un peu de honte de s’être ainsi laissée entraîner et de dépit de s’être trompée et d’avoir été traitée avec un sans-gêne aussi insolent.

Aussi, à entendre cet autre jeune homme qui n’était en somme que le secrétaire de son père, à l’entendre évoquer cette aventure qui n’était rien moins que flatteuse pour elle, elle éprouvait une gêne, une rancœur qui la révoltait. Il s’en aperçut.

— Mademoiselle, dit-il, je vous ai priée de ne pas vous fâcher et d’avoir la patience de m’écouter jusqu’au bout. Vous voulez une explication, je suis bien obligé de vous dire ce qui est nécessaire ; cela est pénible, mais ce n’est qu’un moment…

Germaine comprit et se rassit.

— Vous aviez donc décidé de partir avec José. Je voudrais vous parler de lui le moins possible… mais j’y suis bien obligé, pour me justifier, je connais José depuis longtemps, et je l’ai reconnu, quoiqu’il ait changé de nom et de physionomie autant qu’il l’a pu.

— Changé de nom ? fit Germaine interloquée.

— Oui, Mademoiselle. Aussi, quand j’ai su que vous vouliez partir avec lui, je l’en ai empêché.

— Vous l’avez empêché ! s’écria Germaine en se rebiffant une fois encore, vous l’avez empêché ! Mais de quel droit vous mêlez-vous de mes affaires ?

— De quel droit ? Je vais vous le dire, Mademoiselle. José s’appelle de son vrai nom Auguste Lagrue. Il y a six ans, il vivait au quartier latin et il y était assez connu, sur tout des garçons de café, des clientes des brasseries de nuit et des sergents de ville. Il vivait, je ne puis guère vous expliquer comment et de quoi, sauf cependant pour quelques périodes pendant lesquelles le gouvernement se chargeait de sa nourriture et de son logement. Je n’ai pas besoin de vous assurer que ceci est vrai, je peux le prouver, et la meilleure preuve, ce serait, s’il le fallait, son propre aveu. Je peux même ajouter que si je n’en dis pas davantage, c’est par pudeur et parce que je crois que c’est inutile. Auguste Lagrue, d’allure vulgaire, inquiétante même, est devenu José etc… aux manières distinguées. Comment cela est-il arrivé ? Je n’en sais rien, mais ce n’est pas difficile à deviner : il a fait une opération fructueuse qui lui a permis de s’habiller à la mode, de fréquenter les endroits distingués et de prendre modèle sur les gens bien élevés. Il en est quitte pour surveiller ses gestes et ses paroles. Et il s’est mis, comme autrefois, à la recherche de victimes, mais non plus cette fois de pauvres petites victimes humbles et d’un rap port douteux, mais d’une victime qui lui apporterait d’un seul coup la fortune et une honorabilité. Germaine avait écouté en silence cette longue tirade ; tout à l’heure, c’est avec une fierté un peu arrogante qu’elle avait lancé :

— De quel droit vous mêlez-vous de mes affaires ?…

Mais à mesure que Maurice parlait, cet orgueil offensé se faisait de moins en moins fier, et lorsque le jeune homme s’arrêta, Germaine avait la tête basse, elle gardait le silence, et même deux larmes perlaient au coin de ses yeux.

Maurice se préparait à continuer ; il allait lui dire que cette victime c’était elle-même, puisqu’elle avait eu la naïveté de se laisser prendre au faux chic de ce faux bonhomme, à ce léger vernis d’homme de bonne compagnie qui cachait le pâle aventurier… Il allait lui dire tout cela mais l’attitude de la jeune fille lui prouva qu’elle avait compris et qu’il était inutile d’insister sur le danger qu’elle avait couru.

Les deux larmes qui descendaient lentement le long de ses joues pouvaient être des larmes de regret d’avoir été jouée ainsi, ou de joie d’avoir échappé à une aussi cruelle aventure, ou de reconnaissance envers le jeune homme qui s’était jeté en travers… Peu importait… Elle pleurait, elle était sauvée.

Aussi, après un moment de silence, il dit simplement :

— Je n’insiste pas, Mademoiselle. Voilà la première raison pour laquelle je me suis mêlé de vos affaires ; j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur… La seconde… c’est que je vous aime…

Germaine avait levé la tête ; elle regardait Maurice de ses beaux yeux, plus beaux encore baignés de larmes, et lors qu’il parla de lui en tenir rigueur, un léger sourire éclaira son visage et elle tendit la main vers lui ; mais le dernier mot qu’il prononça arrêta le sourire et le geste.

— Ne vous offensez pas, Mademoiselle, continua Maurice, vous m’avez écouté jusqu’ici avec une bienveillance dont je vous remercie ; je vous en prie, continuons encore un peu cette conversation. Oui, je vous aime, et comment pourrais-je ne pas vous aimer ? Je suis presque le commensal de votre maison, je vous vois tous les jours, plusieurs fois par jour, je vis dans le rayonnement de votre beauté… Ah ! vous souriez, vous souriez, je suis sauvé et je vais trouver dans votre sourire le courage de continuer cet aveu que je n’ai commencé qu’en tremblant.

Maurice s’était approché de la jeune fille ; un tabouret était à ses pieds, il s’y agenouilla.

— Oui, Mademoiselle Germaine, comment mon cœur ne se serait-il pas pris aux fins réseaux de vos cheveux d’or, aux boucles vaporeuses qui tremblottent sur votre nuque nacrée, et aux divines lueurs de vos yeux ; c’est d’eux que me vient la lumière, Germaine, et ils éclairent à la fois votre visage angélique et mon existence monotone. Ma vie est suspendue à vos lèvres vermeilles… Tout à l’heure, vous aviez la main à demi tendue vers moi… De grâce, achevez le geste, laissez-moi la prendre, cette chère petite main qui tient ma vie et mon bonheur…

Mais sans attendre que la jeune fille achevât le geste esquissé, Maurice l’avait saisie, cette petite main, qui contenait tant de choses si importantes pour lui, il la portait à ses lèvres et la couvrait de baisers.

Germaine le laissait faire, à demi engourdie par les paroles mielleuses et la caresse pressante.

Cependant elle secoua sa jolie tête et retira lentement sa main.

Spécifications produit

Contenu

Langue
fr
Binding
livre numérique
Date de sortie initiale
26 novembre 2020
Format ebook
EPUB2

Personnes impliquées

Auteur principal
Marcel Olivier
Editeur principal
Gilbert Terol

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Non

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EAN
1230004370888

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