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Samenvatting
— « Quant à moi, fit Jean Bargiban, ayant connu ces joies musulmanes, je me rends assez bien compte de l’agrément qu’un homme éprouve à posséder en même temps plusieurs femmes, heureuses de leur sort, point jalouses, et rivalisant de dévouement pour satisfaire le seigneur et maître.
— Ainsi vous avouez, monsieur Bargiban, Turc que vous êtes, avoir possédé plusieurs femmes à la fois ?
— N’exagérons rien : deux seulement ! On voit que mon harem était modeste.
— Et ceci vous est arrivé en Orient, sans doute, au cours de vos voyages ?
— Non, certes ! En Orient, quand j’y passai, la femme était chère ; mes moyens ne m’eussent pas permis un pareil luxe. Ceci m’est arrivé en France, tout simplement. »
Un frisson de sympathique indignation passa sur l’assemblée. Fier de l’effet produit, caressant de la main sa barbe en éventail, neigeuse aux pointes, Jean Bargiban continua :
— « J’habitais… Mais à quoi bon designer l’endroit ? Il vous suffira de savoir que l’aventure, nullement romanesque d’ailleurs, se passe dans un de nos plus grands ports de mer retentissant tout le jour du bruit de l’or remué et des affaires, pour devenir le soir, quand la Bourse se ferme et que l’heure des transactions est passée, ville de luxe et de plaisir.
Jeune alors j’y menais la vie assez gaiement en compagnie d’une demi-douzaine de fils de riches négociants et d’armateurs considérables, aux fredaines de qui, par indulgence et aussi dans l’intérêt sagement entendu de leur commerce, les pères souriaient. Il y a d’élégantes réclames ; et les toilettes à tapage d’une jolie fille attestent le sérieux de la caisse qui les paya.
N’allez pas railler par avance nos exploits de jeunesse dorée provinciale. Vous auriez tort : à vingt ans et même plus tard, avec des écus en poche, un bon garçon trouve à s’amuser n’importe où. La grande courtisane ne se rencontre qu’à Paris, soit ! Mais en province on a souvent le plaisir délicat de la voir, toute petite, essayer ses ailes et, dans la ville dont il s’agit, les toutes petites courtisanes, en train d’essayer leurs ailes, ne manquaient pas.
Certain soir, grave événement ! une nouvelle nous fut signalée. Des cheveux très noirs et, se trahissant sous la poudre de riz, un teint d’ambre ; sur une taille souple et mince que ne raidissait pas le corset, un buste copieux de brune grassouillette de plus, dans toute sa physionomie, cette expression de candeur particulièrement piquante chez les jeunes personnes qui ne professent pas la vertu.
On l’avait vu sur les Allées (tout port de mer qui se respecte a ses allées) à l’heure de la musique. On l’avait vue au Grand-Théâtre, qui joue l’opéra, ainsi qu’au théâtre d’opérettes aux divers cafés-concerts ; au palais des Diamants, établissement somptueux qui remplace là-bas l’Éden et les Folies-Bergère ; au restaurant de nuit, décoré du nom de Maison d’Or… partout enfin depuis trois jours.
Mais, ce qui parut tout à fait distingué, ce qui du premier coup la classa hors du pair en dehors et au-dessus de ses rivales, c’est que, avec une insolence alors hardie, elle ne se montrait en public qu’accompagnée, comme font les dames pour de bon, d’une suivante d’à peu près son âge et qui lui ressemblait curieusement, bien que coiffée d’un simple foulard et n’ayant jamais frotté du moindre fard ses joues aux couleurs paysannes.
— Bon ! je parie que Bargiban va séduire la suivante après la maîtresse. Un beau fait d’armes, en vérité !
— Pour qui me prenez-vous ? répondit Bargiban. Ce serait trop simple. En outre, je n’eus jamais goût aux intrigues ancillaires. Après cette déclaration de principes, permettez que je continue.
À quoi dus-je l’honneur d’être remarqué ? Pour quels motifs la nouvelle venue me préféra-t-elle aux autres ? Je l’ignore. Le fait est qu’elle me préféra, et que, deux mois durant, chaque fois que la fantaisie m’en prenait, c’est-à-dire presque tous les soirs, j’obtenais les clefs de l’appartement, modeste d’ailleurs, où ma belle était descendue.
On faillit se fâcher le premier jour. Avec la manie de noblesse qu’ont ces demoiselles, n’avait-elle pas imaginé de s’intituler Anne d’Autriche ? Anne d’Autriche, là ! tout simplement, pour commencer. Elle trouvait « Anne d’Autriche » joli et qu’un tel nom seyait à sa figure. J’eus toutes les peines du monde à la convaincre que le nom était un peu voyant. Elle pleura, elle résista ; puis céda, me voyant inflexible, et consentit à s’appeler Annette. Ce fut sa première preuve d’amour.
Productspecificaties
Inhoud
- Taal
- fr
- Bindwijze
- E-book
- Oorspronkelijke releasedatum
- 28 januari 2014
- Ebook Formaat
- Adobe ePub
- Illustraties
- Nee
Betrokkenen
- Hoofdauteur
- Paul Arène
- Hoofdredacteur
- G-Ph Ballin
- Tweede Redacteur
- M. G-Ph Ballin
- Hoofduitgeverij
- Gilbert Terol
Lees mogelijkheden
- Lees dit ebook op
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Overige kenmerken
- Studieboek
- Nee
EAN
- EAN
- 1230000213561
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