Jean-Christophe L'Adolescent T III Ebook Info-bulle

Extrait

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  • livre numérique
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  • 04 novembre 2018
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Résumé

Dans une aile de la maison, de l'autre côté de la cour, logeait au rez-de-chaussée une jeune femme de vingt ans, veuve depuis quelques mois, avec une petite fille. Madame Sabine Froehlich était aussi locataire du vieux Euler. Elle occupait la boutique qui donnait sur la rue, et elle avait de plus deux chambres sur la cour, avec jouissance d'un petit carré de jardin, séparé de celui des Euler par une simple clôture de fil de fer, où s'enroulait du lierre. On l'y voyait rarement ; l'enfant s'y amusait seule, du matin au soir, à tripoter la terre ; et le jardin poussait comme il voulait, au grand mécontentement du vieux Justus, qui aimait les allées ratissées et le bel ordre dans les parterres. Il avait essayé de faire à sa locataire quelques observations à ce sujet ; mais c'était probablement pour cela qu'elle ne se montrait plus ; et le jardin n'en allait pas mieux.


Madame Froehlich tenait une petite mercerie, qui aurait pu être assez achalandée, grâce à sa situation, dans une rue commerçante, au cœur de la ville ; mais elle ne s'en occupait pas beaucoup plus que du jardin. Au lieu de faire son ménage elle-même, comme il convenait, selon madame Vogel, à une femme qui se respecte, — surtout quand elle n'est pas dans une situation de fortune qui permette, sinon excuse l'oisiveté, — elle avait pris une petite servante, une fille de quinze ans, qui venait quelques heures, le matin, pour faire les chambres et garder le magasin, pendant que la jeune femme s'attardait paresseusement dans son lit, ou à sa toilette.


Christophe l'apercevait parfois, à travers ses carreaux, circulant dans sa chambre, pieds nus, dans sa longue chemise, ou assise pendant des heures en face de son miroir ; car elle était si insouciante, qu'elle oubliait de fermer ses rideaux ; et, quand elle s'en apercevait, elle était si indolente, qu'elle ne prenait pas la peine d'aller les baisser. Christophe, plus pudique qu'elle, s'écartait de sa fenêtre, pour ne pas la gêner ; mais la tentation était forte. En rougissant un peu, il jetait un regard de côté sur les bras nus, un peu maigres, languissamment levés autour des cheveux défaits, les mains jointes derrière la nuque, s'oubliant dans cette pose, jusqu'à ce qu'ils fussent engourdis, et qu'elle les laissât retomber. Christophe se persuadait que c'était par mégarde qu'il voyait en passant cet agréable spectacle, et qu'il n'en était pas troublé dans ses méditations musicales ; mais il y prenait goût, et il finit par perdre autant de temps à regarder madame Sabine, qu'elle en perdait à faire sa toilette. Non pas qu'elle fût coquette : elle était plutôt négligée, à l'ordinaire, et n'apportait pas à sa mise le soin méticuleux qu'y mettaient Amalia ou Rosa. Si elle s'éternisait devant sa table de toilette, c'était pure paresse ; à chaque épingle qu'elle enfonçait, il lui fallait se reposer ensuite de ce grand effort, en se faisant dans le miroir de petites mines dolentes. Elle n'était pas encore tout à fait habillée, à la fin de la journée.


Souvent, la bonne sortait, ayant que Sabine fût prête ; et un client sonnait à la porte du magasin. Elle le laissait sonner et appeler une ou deux fois, avant de se décider à se lever de sa chaise. Elle arrivait, souriante, sans se presser, — sans se presser, cherchait l'article qu'on lui demandait, — et, si elle ne le trouvait pas après quelques recherches, ou même (cela arriva) s'il fallait, pour l'atteindre, se donner trop de peine, transporter par exemple l'échelle d'un bout de la pièce à l'autre, — elle disait tranquillement qu'elle n'avait plus l'objet ; et comme elle ne s'inquiétait pas de mettre à l'avenir un peu plus d'ordre chez elle, ou de renouveler les articles qui manquaient, les clients se lassaient et s'adressaient ailleurs. Sans rancune, du reste. Le moyen de se fâcher avec cette aimable personne, qui parlait d'une voix douce, et ne s'émouvait de rien ! Tout ce qu'on pouvait lui dire lui était indifférent ; et on le sentait si bien, que ceux qui commençaient à se plaindre n'avaient même pas le courage de continuer : ils partaient, répondant par un sourire à son charmant sourire ; mais ils ne revenaient plus. Elle ne s'en troublait point. Elle souriait toujours.

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Contenu

Langue
fr
Binding
livre numérique
Date de sortie initiale
04 novembre 2018

Personnes impliquées

Auteur principal
Romain Rolland
Editeur principal
Gilbert Terol

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EAN
1230002791449

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